Deauville-Jour 4-Michael Almereyda

Je ne désespère de rattraper mon retard un jour… Quatrième jour, les conférences de presse ont fait place en ce jour à quatre films (les choses sérieuses commencent) et à une table ronde ! Youhouh ! Déjà mieux que rien, celle de Michael Almereyda, réalisateur de The Experimenter. Une journée placée sur le signe des points de suspension puisque sur les quatre films, seul Experimenter nous a gratifiait d’une vraie fin.

C’est parti !

EXPERIMENTER

Attention ! Gros gros coup de cœur ! Experimenter retrace l’expérience réalisée par le docteur Milgram dans les 60’s sur l’obéissance, pour analyser les réactions comportementales des gens face à l’autorité lorsqu’une personne est en souffrance, et ce, suite à la dernière guerre mondiale, ces gens qui en ont fait souffrir d’autres sous l’autorité. Je ne connaissais pas du tout cette expérience et j’ai été fascinée par le sujet, autant que par le film en lui-même, orienté sur les expériences sociologiques (à la portée de tous), sur la vie de Milgram et finalement son objectif de révéler certaines vérités, et surtout, de les faire accepter. Experimenter est à la fois un biopic, un documentaire et une fiction, se centrant à la fois sur la vie du Docteur, sur ses recherches, en imposant parfois un côté théâtral pour avancer l’irréel, tout en s’adressant aux spectateurs par des apartés face caméra. 1h34 de film absolument passionnantes, métaphoriques, intelligentes et qui désorientent par leurs propos ainsi que par les résultats effarants. Experimenter est emmené par Peter Sarsgaard, taciturne (en même temps, les universitaires sont rarement joyeux), nous faisant totalement oublié l’acteur derrière la fausse barbe (particulièrement moche soit dit en passant et très kitch, trop 60’s à mon goût). Aussi pourrez-vous voir Winona Ryder en femme modèle. Experimenter est pour le moment (à mon cinquième jour de festival, oui, j’écris bien le quatrième), mon coup de cœur hors compétition.

DAY OUT OF DAYS

Bienvenus à Hollywood, les sortis de secours se trouvent sur les côtés. Les stars, les paillettes, les tournages, le glamouuuur, la quarantaine et… plus rien. Voilà ce que nous raconte Day out of days. Quelques jours dans la vie d’une actrice, promise il y a 10 ans à un brillant avenir et sur le point d’épouser son compagnon à l’écran, une love story et un destin comme Hollywood en fabrique et qui fait l’admiration du public. Pourtant, 10 ans après, la quarantaine a sonné, le téléphone ne sonne plus, la coqueluche des jeunes est parti avec une star moins vieille. Day out of days fait partie de ses films de Deauville (et ils sont nombreux), qui ne sont pas mauvais, mais qui ne révolutionnent pas le cinéma. Le film est un portrait d’Hollywood bien réel, vécu par certaines stars ayant dépassées les 40 ans et qui sont oublié par le système. Elles doivent survivre à la solitude, voire à la dépression et sont obligées d’accepter des petits rôles ou des films ridicules. Melanie Griffith nous fait l’honneur d’avoir un rôle, pas des plus passionnants, qui aurait pu taper sur les nerfs si elle était plus souvent à l’écran (le contraste chirurgie esthétique et voix fluette, j’ai du mal). Day out of days s’octroie une fin qui arrive comme un cheveu sur la soupe, mais n’en reste pas moins une vue intéressante d’Hollywood loin de ses paillettes et de ce que nous envoie les tabloïds.

COP CAR

Pour la faire simple, Cop Car est un scénario de court-métrage qui tient avec difficulté sur 1h30, pourtant, il ne manquait pas grand chose pour accrocher notre intérêt une bonne fois pour toutes. Des enfants volent une voiture de police appartenant à un shérif (Kevin Bacon) avec un petit cadeau dans le coffre. Celui-ci se met à leur poursuite pour tenter de récupérer et sa voiture, et son contenu. Cop Car est de ces films épurés, où il n’y a pas besoin de décors riches pour exister et c’est souvent là qu’émergent des plans magnifiques, je pense notamment à la voiture, roulant dans une nuit noire avec juste les gyrophares qui fonctionnent. C’est le jeu du chat et de la souris auquel il manquerait quelque chose, car c’est clairement le problème du film, il manque une force, un je-ne-sais-quoi indéfinissable qui l’aurait rendu plus palpitant et nous aurait tenu en haleine. Encore un film qui nous laisse sur une fin trop ouverte.

I SMILE BACK

C’est ce qui s’appelle finir la journée en beauté ou comment parler de la dépression ? Youhouh ! Sarah Silverman n’est pas mauvaise dans I smile back, jouant une femme complètement paumée et folle sur les bords, malheureusement, cela ne suffit pas à faire tenir le film qui manque cruellement d’empathie. À aucun moment son histoire nous touche. Et encore une fois, le film nous laisse en plan sur la fin.

TABLE RONDE D’EXPERIMENTER avec Michael Almereyda

J’ai également pu interviewer en table ronde le réalisateur d’Experimenter, Michael Almereyda, qui nous a expliqué l’intérêt qu’il porte à la sociologie et aux comportements humains, la métaphore, l’utilisation de décors théâtraux, ses futurs projets, etc. Une table ronde qui sera bientôt retranscrite et que vous pourrez retrouver sur le blog.

Deauville-Jour 4-Michael Almereyda

09/09/2015