Demolition_film

Demolition_filmParfois il faut du temps pour comprendre la place d’une personne dans notre vie, pour comprendre qu’on peut être tellement démoli de l’intérieur par sa perte que rien ne sort, pour comprendre qu’on l’aimait beaucoup plus que l’on croyait. C’est ce qui se passe dans la tête de Davis après la mort de sa femme. Il ne percute pas.

Jean-Marc Vallée met en scène un toujours aussi brillant Jake Gyllenhaal dans le chagrin. Un chagrin qui ne sort pas, mais qui va devoir démolir la personne qu’il s’est forgé pour pouvoir sortir. C’est le sujet de Demolition, un titre qui prend plusieurs sens. Cette histoire touchante développe un personnage dont la vie est millimétrée et ancrée dans une routine, au point qu’il en a oublié l’essentiel : vivre. Et vivre, ça passe par regarder autour de soi, faire attention aux détails, ne pas forcément toujours remettre à plus tard et puis c’est aimer, sans attendre que cela soit trop tard pour le faire.

La démolition s’exprime physiquement, Davis se prend d’une lubie pour tout détruire et voir ce qu’il y a à l’intérieur des objets. Sorte d’exutoire inconscient à sa vie bien propre et rangée, il finit par tout détruire, être poussiéreux (lui si consciencieux physiquement à ne rien laisser dépasser, même pas un poil) et par conséquent, par démonter tout ce qui lui passe sous la main. En plus de casser tout ce qui est matériel, il fait exploser au passage son image, sa personne qu’il s’est construit auprès de sa femme, comme si c’est elle qui avait forgé l’homme qu’il est, sans vraiment lui laisser de choix. L’homme se démolit petit à petit pour mieux appréhender sa personnalité, son entourage, sa conception de l’environnement.

Jean-Marc Vallée crée un film métaphorique et visuel où la démolition s’exprime à tous les niveaux dans son Demolition. L’expression du deuil par le déni est, à contrario de son thème, construite doucement, démolissant lentement son protagoniste. Doit-on répéter que Jake Gyllenhaal brille pour sa prestation (et son physique… euhm) ? Non ! Il n’a plus rien à prouver. Ses échanges avec Naomi Watts et le jeune Judah Lewis y sont touchants et sincères. Pour ma part, j’ai été troublée de voir Davis sortir de sa coquille, se réveiller et percuter que dans un couple, il n’y a pas que des mauvais côtés.

Sortie en salles le 06 Avril 2016.

http://www.imdb.com/title/tt1172049/?ref_=nv_sr_1

05/04/2016