Méfiez-vous de la tranquillité de certaines eaux, elles peuvent parfois changer l’esprit des hommes les plus sains.
On n’oublie jamais sa première fois et je pense que je n’oublierai jamais mon premier film sud-coréen. Sea Fog commence presque comme une balade apaisante, on sent un léger vent qui pique le visage, mais rien de bien méchant. Les environs sont paisibles, on les visite avec plaisir, il n’y a quasiment rien d’anormal, hormis un fâcheux problème d’argent. C’est souvent de là que partent les plus gros soucis, au point de tourmenter un équipage tout entier.
Sea Fog nous fait donc passer d’une gentille balade à un drame d’une rare folie : le calme, la tempête, puis le brouillard, épais, lourd, limite euphorisant, poussant à la schizophrénie. Sung Bo Shim, le réalisateur, a su dégager avec ce huis-clos flottant, une atmosphère onirique et bouleversante, troublante et à la fois violente en émotions. Une poésie fine où éclate les personnalités, où la brume agit comme un gaz rendant fou tous ceux qui s’y trouveront. Une lenteur que l’on ne subit pas, nous insérant dans un quotidien qui va être terriblement renversé.
En salles depuis le 1er avril.