Miss Bobby_L'épreuve

Miss Bobby_L'épreuveL’Épreuve, un film qui porte bien son nom, tant j’en suis sortie dans la douleur, une bonne, celle d’avoir vu un film qui raconte quelque chose de lourd, de passionnant et de terrible à la fois.

Voici le synopsis qui sera plus clair que si c’est moi qui tente de vous expliquer :

Rebecca (Juliette Binoche) est une photographe de guerre de renommée internationale. Alors qu’elle est en reportage en Afghanistan pour suivre un groupe de femmes qui préparent un attentat suicide, elle est gravement blessée par l’explosion d’une bombe. De retour chez elle en Irlande, pour se remettre de ce traumatisme, elle doit affronter une autre épreuve. Marcus (Nikolaj Coster-Waldau), son mari et Stéphanie (Lauryn Canny), sa fille ainée de 13 ans, ne supportent plus l’angoisse provoquée par les risques que son métier impose. Rebecca, qui est déchirée entre les souffrances qu’elle fait subir à ses proches et sa passion de photoreporter, doit faire face à un ultimatum : choisir entre son travail et sa famille. Mais peut-on vraiment échapper à sa vocation, aussi dangereuse soit-elle ? Renoncera t-elle à couvrir ces zones de combats, et à sa volonté de dénoncer la tragédie humaine de son époque ?

Juliette Binoche est transcendante dans ce rôle de photographe animée depuis toujours par une colère qu’elle tente de canaliser, en exposant au monde ses propres atrocités via des clichés d’une rare puissance, portant sur ses épaules le film et tout ce qui s’en dégage. Il est difficile pour moi de vous faire une analyse ou de vous expliquer ce que j’ai ressenti, tant le film m’a retournée. C’est le destin d’une femme qui se bat pour des valeurs qui touchent tout le monde, pour des choses horribles dont on sait qu’elles existent et qu’on oublie, volontairement ou involontairement, nous focalisant égoïstement sur nos existences. Cependant, elle aussi vit égoïstement, allant au-delà du danger pour vivre sa passion, pour avoir un peu d’adrénaline, se mettant difficilement à la place de son mari ou de ses enfants, dont la femme/la mère est toujours face au danger.

L’Épreuve engage le spectateur sur les choix, entre la raison et la passion, les épreuves de la vie, dépasser ses peurs ou les comprendre, cerner ce que l’on veut, comment on veut évoluer et finalement, tenter de comprendre le chemin que l’on a pu choisir (notamment en construisant une famille avec un métier qui ne s’y prête pas). Le film pose les questions sur le conjoint également, le prix à payer pour aimer en vivant continuellement dans la crainte d’une mauvaise nouvelle ; rencontrer une personne en sachant pertinemment que l’existence avec elle sera peu commune et prendre la décision d’y aller quand même. L’amour peu conventionnel, doit-on se priver ou non ? Construire et prendre le risque que tout explose ? Vivre avec la boule au ventre ?

Aussi, le film montre-t-il en partie l’implication de ces reporters. Clairement, les exemples plutôt extrêmes du film laissent à penser qu’il n’y a pas de parti pris. Le photographe reste en recul et ne s’implique pas dans une action où les conséquences seront désastreuses. Il y a certes une prise de conscience du personnage, mais nous sommes en droit de nous demander pourquoi n’intervient-elle pas, alors que des vies sont en jeu ? Choix délibéré d’Erik Poppe de pas s’étendre sur ce sujet ou est-ce une réalité ? D’être au cœur de l’action, sans y prendre part ?

L’Épreuve n’en reste pas moins, malgré ce détail disgracieux, un film incroyable, porté par une actrice qui se donne entièrement, avec beaucoup de cœur, retransmettant un réalisme troublant et un thème passionnant.

Sortie en salles depuis le 06 mai.

07/05/2015